Cécile LE PRADO
Paris, FR
Compositrice de musique, enseignante-chercheur au CNAM, professeure de design sonore interactif au Cologne Game Lab, travaille au laboratoire du Cédric au CNAM.

Biographie
Née en 1956, elle étudie la musique et la composition électroacoustique au conservatoire de Nantes. Elle travaille notamment au GES Vierzon, à l’INA-GRM et à l’Ircam. Elle réalise des musiques pour la danse et pour l’image avec Robert Cahen, Christian Boustani, Jean-Christophe Ballot…Elle obtient au Festival Imagina 1996 le prix de la meilleure bande son pour Bruges de Christian Boustani, extrait du triptyque Les Cités antérieures (Sienne, Bruges, Tolède).
Outre de nombreuses pièces de concerts acousmatiques, des créations radiophoniques, Cécile Le Prado s’intéresse de longue date à l’architecture et au paysage sonore. Elle réalise des installations sonores dans différents lieux : Jeux d’eaux, dans le cadre des « Déjeuners sur l’Erdre » à La Chapelle-sur-Erdre, Follia, dans le cadre de l’exposition «Sites choisis» à Niort, Le Passeur dans le parc de La Villette et au parc de l’Orangerie de Nice, dans le cadre du festival Manca, Belleville à la maison de La Villette, Vocatifs, à Saint-Denis, dans le cadre d«’Artifices 3», exposition consacrée aux relations entre l’art et les nouvelles technologies.
En 1996, elle réalise l’installation de Le Triangle d’incertitude, présentée au Quartz de Brest, La Grande Halle de la Villette et à l’Ircam (CD collection Ircam 005).
Les compositions de Cécile Le Prado sont un travail musical, une métaphore onirique du paysage sonore réel, à la fois un prétexte et le point de départ d’un voyage intérieur. Elle propose des musiques-paysages, des sons-frontières, à explorer.
Membre du laboratoire de recherche CEDRIC, elle mène des activités d’enseignement au Conservatoire National des Arts et Métiers ainsi qu’au Cologne Game lab.
Les réponses de Cécile Le Prado
Je m’appelle Cécile Le Prado, donc je suis compositrice de musique et aussi à la fois chargée de l’enseignement, enseignant chercheur au CNAM et aussi professeur au Cologne Game Lab à Cologne où j’enseigne le design sonore et en particulier le design sonore pour le jeu vidéo. Puis je fais partie d’un laboratoire de recherche qui est le Cédric au CNAM.
Ce que j’entends sur l’intitulé de « creative media », c’est de dire que ça couvrirait si je comprends bien, plusieurs champs qui vont des médias linéaires ou médias non linéaires, donc qui iraient de la télévision, le film jusqu’aux jeux vidéo aux médias interactifs avec cet aspect d’auteur de création.
Évidemment, je pense que c’est absolument fondamental, sans doute mêlé à un aspect plus technique et peut être aussi un profil de connaissances de marketing aussi.
Je pense que ce qui est absolument fondamental, c’est d’avoir à minima une histoire, justement de l’audiovisuel en général, je pense que peut être ça pourrait partir aussi de choses, peut être avant la culture du théâtre, etc.
Et puis, qui va jusqu’à une connaissance des choses qui sont dans les médias interactifs. Donc, ça peut être des installations, pas seulement des jeux vidéo ou des choses commercialisées, mais des choses plus larges. Par rapport à ça, ce qui me semble important, c’est cet aspect culturel par une connaissance de l’art. Et puis, en parallèle, une connaissance technique est assez importante.
Les séparations qui existent encore un peu maintenant, par exemple, le jeu vidéo différent du film, différent des installations, etc. À mon avis, tout le monde va utiliser les mêmes outils et un peu les mêmes savoirs savoir faire à des fins différentes, je pense que c’est ce vers quoi on va, il faut que les étudiants soient préparés à être mobile et à comprendre tout ça, bouger et avoir acquis les outils qui vont servir à tout le monde. Un exemple précis, c’est un moteur de jeu comme Unity ou autre ou un moteur de sons qui pourra être utilisé pour faire pas seulement des jeux, mais des situations dynamiques en télévision, par exemple.
Une chose importante qui est développée sur le côté accessibilité déjà, la prise en compte que les sens ne sont pas couverts tout le temps, par les gens qui vont naviguer dans ces médias. En l’occurrence, ce sont les gens qui ne peuvent pas voir, qui sont malvoyants, etc. Mais pas que ça, ça c’est un accès, c’est-à-dire le transfert des informations qui ne sont pas uniquement, comme c’est quand même le cas encore maintenant monopolisé par le visuel ou le texte qui peuvent être transmis. Alors je pense au son, mais je pense que dans pas longtemps on transmettra du toucher ou des odeurs, mais on n’en est pas au niveau technologique, mais je pense que ça peut arriver.
Et deuxième aspect, c’est que je pense que l’ergonomie sonore est un élément très important à la fois pour cet aspect de l’accessibilité, mais pas uniquement, c’est-à-dire à dire de faire comprendre, d’être en multimodal et d’avoir des informations avec des médias différents.
Et je suis certaine que cet aspect d’ergonomie sonore est quelque chose de fondamental en ce moment.
Cependant, ce n’est pas une révolution technologique parce que ça existe déjà. On va peut-être aller de plus en plus vers du procédural, et donc c’est une piste qui est aussi importante, et procédurale, peut-être se basant sur des données qui sont des choses de sons existant, pas uniquement à partir de synthèse, mais à partir de sons préexistants et transformant des choses. Ce n’est pas une révolution technologique, c’est plutôt une évolution, comme pour les outils qu’on a pour la 3D en sons et 3D en images, de captation et de restitution, c’est utilisé dans les jeux, dans les moteurs, mais c’est utilisé dans des films à 360°. Mais ça n’est pas une révolution. C’est déjà là, pour moi, c’est déjà actif donc une prochaine étape, je ne sais pas laquelle ce serait. Mais on est déjà dans cette étape de transformation et ce n’est pas vraiment une révolution pour moi.
À l’Enjmin, on forme des gens, en deuxième année à cette ouverture sur le 360 degrés, qui est hors des jeux au niveau master. Mais ça, c’est d’un point de vue outil, ce n’est pas d’un point de vue de la pensée, de comment on peut par exemple faire un projet linéaire intéressant en utilisant les 360 degrés qui ne sont pas des 360 degrés d’ailleurs, il n’y a pas l’élévation. Exemple à Cologne, c’est pareil en Master on apprend pas ça mais il faudrait expliquer à des élèves à venir, non pas d’un point de vue technique, ça ils vont l’acquérir. C’est d’un point de vue, de ce que ça apporte au niveau de la conception et du design. Et comment est ce qu’on peut penser différemment en utilisant le son d’images à 360 degrés.
Je m’appuie effectivement sur mon expérience de Enjmin quand même, c’est le travail collectif et la connaissance des compétences de chacun des autres métiers et du langage. C’est absolument indispensable, c’est-à-dire l’aspect tronc commun pour bien comprendre ce qui se passe chez les autres. Et après, c’est le mix entre l’aspect création et l’aspect technique. C’est-à-dire, dans les enseignants si vous avez le choix, c’est d’avoir des gens qui viennent du domaine des académies, des créateurs et aussi des gens qui sont dans l’industrie parce que ça me semble très importants. Et puis enfin, le dernier point, c’est que la culture, elle ne commence pas à l’âge des étudiants, il faut absolument insister sur le fait que la culture générale, c’est absolument indispensable.
Voilà, encore une fois, ça ne commence pas il y a 20 ou 23 ans. Je pense que pour la formation intellectuelle des futurs étudiants, par expérience, c’est absolument indispensable et on n’en met jamais assez, je pense. Ce n’est pas facile à faire passer, et on n’en met jamais assez.