Bruno GHIGOU

Bordeaux, FR

Compositeur, directeur de fabrication et superviseur compositing pour le cinéma, l’animation et la VFX. Enseignant en effet spéciaux à l’EMCA d’Angoulême et à Bordeaux Ynov Campus™.

Biographie

Après des études en ingénierie et techniques audiovisuelles, Bruno Ghigou s’oriente vers le cinéma d’animation, et la supervision de plusieurs long-métrages : Les Triplettes de Belleville, U La Licorne, Tous à l’Ouest. Il se dirige vers les effets spéciaux et le compositing, qu’il enseigne en tant que formateur et intervenant à l’Ecole des Métiers du Cinéma d’Animation d’Angoulême. Il est actuellement responsable du Master Effets spéciaux du groupe Ynov.

Les réponses de Bruno Ghigou

Je m’appelle Bruno Ghigou, je suis compositeur superviseur compositing pour le cinéma, cinéma d’animation, effets spéciaux. J’ai été directeur de fabrication et depuis plusieurs années maintenant, j’enseigne en effets spéciaux en école d’animation à l’EMCA et à Bordeaux aussi dans un groupe d’enseignement audiovisuel avec une spécialité effets spéciaux. On est face à un renouveau aujourd’hui dans la maîtrise des outils numériques qui sont à la fois, particulièrement complexes et étendues. C’est-à-dire que le champ de l’image numérique est très large : la production audiovisuelle télé, cinéma, Beaux-Arts, animation. On cherche à avoir simultanément des gens extrêmement compétents, extrêmement qualifiés, donc avec un enseignement poussé et en plus, une vision transversale qui permet à ces professionnels très recherchés sur le marché, sur le milieu de l’emploi, une vision transversale qui permet de les intégrer parfaitement, qu’ils aient une vision globale de processus de fabrication. Pour moi, dans ce sens-là, c’est vraiment le fondamental sur le déploiement d’un enseignement plus poussé en niveau master 1, master 2.

Ce qui est important, c’est vraiment les enseignements fondamentaux, c’est-à-dire que l’on part du principe que Bachelor 1, un Bachelor 2 Bachelor 3, on a une maturité qui est donné à l’étudiant pour lui donner une vision de base sur tous les objectifs image, quel qu’il soit, quelle que, soit la spécialité. Après, on va beaucoup plus loin dans le master, donc des cours fondamentaux plus poussés par discipline et après pour donner cette vision transversale, on passe par le management de projet, les connexions avec les autres spécialités pour qu’ils puissent déployer leur technicité avec les professionnels qui vont les entourer. Du projet, de la gestion de projet et un support finalement, pour pouvoir déployer toutes ces connaissances.

Si on parle de façon très générale de production d’images, j’ai toujours été confronté à des problèmes fondamentaux, je veux dire, dès que ça ne se passe pas très bien avec des professionnels, c’est souvent que les bases n’ont pas été bien posées et donc on a des hésitations, des flottements, des manques de culture technique, technologique sur l’imagerie numérique. Donc moi, je commencerais par être sûr que l’acquis est fait sur les fondamentaux d’images numériques. Ça, c’est vraiment le plus important. Une fois que ça s’est fait, c’est une partie assez théorique, de l’image, ce sont les outils, c’est-à-dire comprendre quels sont les nouveaux outils qui vous permettent de fabriquer des médias en cinéma d’animation, en jeux vidéo, sur du temps réel, pour de l’architecture, pour de la mise en place d’œuvres plastiques, identifier parfaitement les outils et développer une maîtrise de ces outils liés à la spécialisation de l’étudiant.

Là, c’est intéressant comme question parce qu’on est en ce moment, nous, dans le monde des effets spéciaux, on vit une vraie révolution dans nos méthodes de production parce qu’on intègre actuellement les moteurs de jeu vidéo, les moteurs de temps réel qui nous permettent de produire des effets spéciaux au cinéma en temps réel. Donc, il y a un gros bouleversement des méthodes de production, c’est-à-dire que tout ce que nous avons construit les 15 à 20 dernières années est en train d’être remis en cause, ce qui fait que les étudiants qui s’en sortent bien sont ceux qui ont développé, qui ont bien compris les enjeux techniques, qui savent après intégrer ça de façon transversale. Ce que je disais précédemment, donc là, nous, on est en train de travailler sur Unreal Engine, comme beaucoup de nouveaux moteurs temps réel, on l’utilise en tournage et on va avoir une mutation que j’estime à peu près cinq ans, c’est-à-dire que là, on travaille déjà sur ces enjeux pédagogiques pour que les étudiants puissent, après, garantir leur révolution par eux-mêmes sur les cinq à dix prochaines années au travers de ces nouveaux outils.

L’intelligence artificielle, c’est sûr, on l’attend, pour l’instant, ce n’est pas vraiment déployé, on sent qu’il y a une mutation là, je parlais du temps réel, donc les méthodes de production sont en train d’évoluer. Ça, c’est indéniable, ça on l’intègre déjà dans la transversalité et dans la spécialité de nos étudiants.

Comme nous ne savons pas quels sont technologiquement les outils qui peuvent arriver, qui arrivent très vite, tous les deux ans, tous les trois ans, on a quelque chose de nouveau qui arrive dans notre milieu. Il faut être en mesure de placer les étudiants au-dessus de ces bouleversements pour leur donner une pérennité sur dix ou 15 ans. Moi, c’est vraiment ce que je m’impose en fait en termes pédagogiques.

Oui, par exemple dans ma filière, il est connu qu’on n’arrive pas vraiment à trouver les techniciens capables, sur un plateau de cinéma, de maîtriser à la fois le plateau, l’organisation du tournage et tous les enjeux numériques d’effets spéciaux qui se passent plus en studio. Un profil hybride qui est autant à l’aise sur des moyens de post-production, d’animation 3D, de temps réel, de jeu vidéo et en même temps capable d’évoluer sereinement dans un univers chef opérateur, tournage, cinéma, acteur. Ce profil-là, actuellement, il n’y a pas d’école qui répond à cette attente. Donc, ça pourrait rentrer dans le cadre d’un programme de média.

Je trouve personnellement intéressant d’organiser la spécialisation technique pure dans le Master 1 dans la première année et offrir, après en master 2, les moyens à l’étudiant de déployer toutes ses connaissances au travers d’un projet très professionnalisant. Comme ça, l’étudiant se sent apte à attaquer le monde professionnel en ayant pu déployer toutes ses connaissances et montrer sa transversalité par la coopération ou les projets communs entre les différentes spécialités du projet.

Les réalisations de Bruno Ghigou